LE TRIANGLE D'OR


Le Triangle d'Or est une région de montagnes qui s'étend sur trois pays : Le nord-est de la Birmanie (Myanmar), le nord de la Thaïlande et le Nord du Laos.
Certains y ajoutent même le sud-ouest de la Chine (Yunnan) et le nord-ouest du viêt-nam.

Cette région frontalière et montagnarde abrite de nombreuses tribus dont les mode de vie sont souvent restés très proches de la nature. Elle est aussi connue pour voir été la plaque tournante de l'Opium pendant de nombreuses décennies. 
Parmis ces tribus, on trouve notamment les Akha, les Lahu, les Lisu, les Hmongs, les Yao, les Padong, les Kachins, Miao et bien d'autres. 

Carte de la région du Triangle d'OrFemme Homng et son enfant

Femmes HmongFemme PadongVieillard Yao



L'ETHNIE KAREN


Les origines de l'ethnie Karen sont floues car très anciennes. On pense qu'ils viendraient du désert de Gobi et seraient arrivés en Birmanie huit siècles avant J-C. Cette ethnie compte 4 à 5 millions d'âmes dont environ 10% vit sur le sol Thaïlandais. 

Au XIXe et XXe Siècle, la domination britannique en Birmanie (1824-1948), va de paire avec les missions de christianisation auxquelles les Karens sont plutôt réceptifs.
La Birmanie prend son indépendance  en 1947, et les Karens sont alors aux prises avec les nationalistes Birmans. Aujourd'hui, les Karens vivent dans deux états (Karen et Karenni) au sein du pays mais les frictions avec le « gouvernement » de Naypyidaw sont nombreuses. Rappelons que le pays est toujours dirigé par les militaires.
Les nombreuses guerillas entre les militaires et les Karens ont poussé une partie d'entre eux à s'exiler vers la Thaïlande notamment.

En discutant avec les artisans du village de Huay Tom, on apprend qu'ils ont passé la frontière il y 30 ans.
Par la suite, il semblerait que la Reine de Thaïlande ait mis en place un programme d'intégration des minorités ethniques dont les artisans de ce village ont profité et qui leur a permis d'obtenir des terres et des papiers.

militaires birmansPlace du village Karen




LE TRAVAIL DE L'ARGENT DANS LE TRIANGLE D'OR


Bien que les métaux soient travaillées en Chine, depuis +/- 5000ans avant JC., il semble que l’essor de son utilisation soit dues aux échanges commerciaux du XVII et XVIIIe Siècle : c'est l'époque des fameuses routes de la soie.
L'exploitation des mines du Nouveau Monde  ou d'Afrique fournissait or et argent en quantité aux Européens qui réglaient leur achats ainsi.

Dans le royaume de Siam la monnaie était souvent matérialisée par une enfilade de perles d'argent portées autour du cou. A Huay Tom, on continue de fabriquer ces lignes de perles mais elles n'ont aujourd'hui qu'une valeur décorative.

Traditionnellement, la personne qui travail l'argent jouit d'un statut particulier, c'est elle qui transforme le minerais informe en splendeur, il y a quelque chose de l'ordre du divin dans ce processus. 
L'argent a toujours été une valeur sure, refuge pour les tribus. Encore, au Xxe Siècle, une grande partie de l'argent issu du commerce de l'opium est utilisé pour acheter de l'argent métal. Il est utilisé comme dot dans de nombreuses tribus et intervient comme offrande et signe de prospérité lors de la construction des maisons dans les tribus Akha.

les perles d'argent sont roulées autour du filParles d'argentfemme karen travaillant l'argentFonte de l'argent




LE VILLAGE et LES ARTISANS



 Huay Tom, est situé à environ 150km au sud de Chiang Mai, la capitale du Nord de la Thaïlande.

De tradition animiste, les Karens qui y sont installés ont la particularité d'être bouddhistes et végétariens. Leur culture et leur mode de vie font la part belle à l'ascétisme, l'ambiance au village est calme, les maisons sont propres et peu meublées, les repas sont souvent constitués  de riz et de plantes bouilles.

Au départ il y a souvent un artisan ou deux pour la tribu. Mais dans ce village, le travail de l'argent est devenu l'activité principale.
 
On travaille dehors, devant les maisons et surtout en famille. Les techniques sont traditionnelles et non mécanisées (hormis le laminoir).
Les bijoux sont découpés, emboutis, inscultés, repoussés, soudés, mis en forme, etc. à partir de plaque ou de fil d'argent.

Homme Karen à la confection des bijoux en argent2 femmes Karens à la confection des bijoux en argentjeune fille Karen à la confection des bijoux en argentHomme Karen finition des bijouxen argentCiselure des bijoux en argent tribu des karens

Mise en forme des bijoux en argent par vieil homme KarenPolissage  des bijoux en argent avec des feuilles de bergamote par un femme KarenEcrouissage du métal par un homme KarenFemme KarenSoudure de bijoux en argent Karens


La bijouterie occidentale a pour habitude de couper très légèrement son argent (92,5% d'Ag + 7,5% Cu). Ceci permet de le rigidifier un peu et est particulièrement adapté au procédé de la fonte qui cherche à minimiser les quantités de métal utilisé.

Les artisans Karens eux, ne coupent pas leur argent et n'utilisent pas non plus de technique de fonte. Pour rigidifier l'argent ils utilisent une autre technique : l'écrouissage.

Cela consiste à forger le métal à froid : à écraser les molécules dans la masse jusqu'à ce que ce dernier obtienne un léger effet ressort. De plus, ils utilisent bien souvent des sections plus importantes que les bijoux dits « classique ».

Le seul problème rencontré, concerne, les attaches de Boucles d'oreilles. Afin de ne pas proposer des boucles d'oreilles avec des attaches épaisses, ces dernières ont été remplacées par des attaches en argent 925 issues de l'industrie.

Les modèles sont souvent d'inspiration traditionnelle, formes et techniques héritées des anciens, reproductions de bijoux des tribus voisines (Hmong, Miao, Dong, Li etc.). Mais de plus en plus, les Karens élargissent leur domaine de création nous présentant des designs épurés et parfois très contemporains, voir futuristes.

bijoux en argent dans feuilles avant polissageboucles d'oreilles avant mise en formebijoux après dérochagebijoux en argent après polissage


La richesse de ces bijoux est directement liée à ceux qui les fabriquent.
Les artisans Karens sont aujourd'hui à l'intersection entre tradition et modernité, entre respect du passé et exploration du présent.